Guillaume Neboit-Guilhot, Ingénieur pédagogique multimodal chez Polyvia Formation
Guillaume Neboit-Guilhot a intégré Polyvia Formation il y a deux ans. Avec son équipe constituée de Linda Koudsi et Sébastien Greffet, toujours en quête d’innovation pour s’adapter à l’évolution de la formation, ils assurent la conception d’outils pédagogiques multimodaux.

Guillaume, pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel et de votre fonction au sein de Polyvia Formation ?
Je suis diplômé d’un Master II EIDI, écriture interactive et design d’interaction que j’ai effectué en alternance. Pour rapidement expliquer le Master EIDI, nous étudions la conception de dispositifs multimédias dans le but de transmettre de l’information à différents publics via une multitude de moyens : applications, sites internet, vidéos etc.
Cette alternance, d’un an, a été mon premier lien avec la formation. En effet, je l’ai effectué dans un centre de formation aux métiers du sport et de l’animation. J’y ai conçu et réalisé mes premiers modules de formation en ligne.
Au-delà des aspects techniques, j’ai également pu accompagner du public en donnant des cours sur les outils bureautiques et en les assistant dans la création de leur rapport de stage. J’ai continué l’expérience pendant 1 an en CDD avant de passer 5 ans en studios e-learning. Mon rôle principal était de créer des modules de e-learning pour des clients sur des sujets divers et variés, pouvant aller des bases de l’électricité à la sécurité informatique ou encore aux textes réglementaires dans la banque ou l’assurance. Malgré la variété des sujets, le travail en studio est très répétitif et très formaté.
Lorsque j’ai pris connaissance de l’offre de Polyvia Formation (à l’époque CFP), j’ai vu une opportunité sur le plan de la diversification des missions, ne plus faire uniquement du e-learning mais aussi d’accompagner les formateurs et travailler avec eux. Cela va faire deux ans que j’évolue au sein de Polyvia Formation en tant qu’ingénieur pédagogique multimodal. J’ai la charge de l’innovation pédagogique. Cette mission peut se scinder en deux parties. Un aspect orienté client et un aspect orienté formation, à la fois la formation continue et initiale. Du côté des clients, la mission se porte principalement sur la digitalisation de la formation, en permettant l’accès à la formation plus facilement à leurs employés. Nous proposons deux possibilités : le développement de formations sur mesure, directement pour eux, ou un catalogue de formation dans lequel ils peuvent venir piocher selon leurs besoins.
Enfin pour l’aspect formation, notre rôle pour Linda, Sébastien et moi-même est de mettre à disposition une boîte à outils dans laquelle les formateurs peuvent venir se servir afin d’animer les formations de façon différenciante.
En quoi consiste les nouvelles attentes en termes de formation ?
Le Covid et les différents confinements ont poussé certaines entreprises à tester la formation à distance et pour certaines d’entres elles à l’adopter. Les formateurs se sont également rendu compte qu’il était possible d’envisager certains aspects de la formation à distance.
De plus, dans certaines entreprises, les salariés travaillent en 3 x 8, il est compliqué de réunir chaque membre des équipes au même moment et au même endroit. Ces formations à distance ou le e-learning permettent de faciliter l’accès à la formation.
J’ai un très bon exemple en tête : nous avons travaillé avec SGH Healthcaring, une entreprise spécialisée dans la création de dispositifs médicaux. Leurs normes imposent à tout le personnel une formation annuelle sur la thématique des bonnes pratique de fabrication. Grâce à la formation à distance ils ont pu faire suivre la formation à l’ensemble de leurs salariés en quelques jours.
Outre l’aspect distanciel, les attentes évoluent également sur le présentiel. D’une manière générale, être acteur de sa formation, jouer un rôle clé mais aussi être stimulé représentent de nouvelles perspectives pour les apprenants.
Comment le multimodal peut-il répondre à ces nouvelles attentes ? Et comment le formateur s’adapte-t-il à ces évolutions ?
Les différents moyens et supports proposés donnent la possibilité de créer des formations qui s’adaptent aux apprenants. Celles-ci sont de moins en moins descendantes et de plus en plus dans l’interaction, l’échange et le dynamisme. Les modules e-learning, les Escapes Games, la réalité virtuelle, l’utilisation de puces RFID pour obtenir des informations ou répondre à des quiz ; tous ces éléments répondent au besoin d’être actif dans sa propre formation et favorisent donc la mémorisation.
Prenons pour exemple l’Escape Game qui peut intervenir en conclusion d’une journée de formation, il sert alors de synthèse et joue un rôle d’écho en revenant sur les thématiques abordées plus tôt et ainsi les ancrer dans les esprits. Toutes ces nouvelles modalités de formation permettent aux formateurs de disposer d’un panel de moyens pour agrémenter leurs cours. Certains formateurs sont très demandeurs et moteurs, ils vont expérimenter, tester et parfois nous sonder. D’autres sont peut-être plus réticents et il est plus compliqué de les faire adhérer. Mais pas impossible ! Une fois testé, ils se prennent au jeu et voient un intérêt dans le développement de leur pédagogie. Notre rôle consiste aussi à démystifier l’outil digital et à les accompagner, sans jamais les forcer à utiliser tel ou tel outil.
Est-ce que les entreprises sont en demande de nouveaux outils ? Le multimodal répond-il à ces attentes ?
Il y a une réelle appétence et intérêt dans les entreprises. En revanche, je pense qu’il faut encore un peu de temps avant que la machine se lance et que le multimodal devienne une habitude. Nous voyons que ça émerge mais c’est encore un peu timide.
Existe-t-il des différences entre les différents publics ?
Oui bien sûr. Au niveau des formateurs par exemple, comme je l’ai mentionné plus tôt, certains vont appréhender plus rapidement les nouveaux outils, d’autres vont mettre plus de temps et tous ne seront pas intéressés par les mêmes modalités.
Il en va de même pour les apprenants, certains, habitués aux Escapes Game par exemple vont très rapidement être à l’aise avec cette modalité en formation. Pour d’autres, la prise en main demande un peu plus d’accompagnement.
Pour la réalité virtuelle c’est pareil, certain sont très à l’aise alors que pour d’autre c’est une découverte.
Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez en ce moment ?
Continuer et améliorer ce que nous faisons déjà. Nous avons des sujets en quantité, comme la réalité virtuelle où il est prévu de créer trente à trente-cinq expériences sur les trois prochaines années. Le projet est d’avoir, à terme, des expériences très courtes de trois à cinq minutes, de s’adresser au plus grand nombre et de balayer l’ensemble des procédés de transformation, thermoplastiques ou thermodurcissables . L’idée est de développer à la fois des expériences qui permettent de refaire des gestes techniques mais aussi permettre de rendre visible ce qui ne l’est pas forcément à l’œil nu, comme une vue éclatée d’une tête d’extrusion ou d’une machine de thermoformage par exemple. Nous travaillons également sur les Escapes Game, les prochains sujets vont certainement se diriger vers le développement durable, le recyclage ou encore les défauts d’injection.
Sur le volet formation en ligne, nous souhaitons soumettre un catalogue complet et varié à disposition des entreprises dans lequel elles viendraient piocher selon leurs besoins.
Avec l’équipe nous faisons de la veille et nous testons de nouveaux outils à proposer aux formateurs. Le dernier test en date se fait sur des lunettes connectées équipées d’une caméra qui va permettre au formateur de faire de la télémaintenance ou d’accompagner un apprenant à distance, entre deux séances de formation au centre par exemple.
Dans le but d’illustrer nos supports, nous produisons également du contenus, vidéos ou photos. Récemment, nous étions au Bourget pour prendre des photos des matériaux composites ou des vidéos de certains gestes pour alimenter les modules.