Plaxtil, l’entreprise qui œuvre à l’insertion de salariés dans le secteur de la plasturgie…mais pas que
Rencontre avec deux bouillonnantes passionnées de l’insertion : Charlotte Caillet, directrice d’ESSAIMONS et Emeline Clerc, accompagnatrice socio-professionnelle et encadrante technique d’insertion.

Comment est née l’idée de ce projet ?

Charlotte : Nous sommes parties d’un constat : Châtellerault est un bassin industriel en manque de main d'œuvre, notamment sur l’automobile et l’aéronautique, mais paradoxalement, nous manquons de formations à proposer à un public en insertion qui cherche à rejoindre cette filière. D'où l'idée de la création de Plaxtil, start-up spécialisée dans le recyclage et la valorisation des déchets non recyclables en 2020 à laquelle nous avons adossé, en 2021, l’entreprise d'insertion Essaimons. Tout a été pensé ensemble. Nous travaillons dans des locaux partagés avec différentes entreprises dont CDA Développement qui travaille sur l’injection plastique.
Cela nous a facilité la tâche pour faire découvrir le secteur de la plasturgie, avec le montage et le démontage des moules par exemple, à un public en insertion que nous souhaitions faire monter en compétences dans ce domaine. Notre objectif est de diriger un public en insertion vers des emplois pérennes. Nous travaillons main dans la main avec de nombreux partenaires comme le Pôle emploi, la mission locale 86, l’école de la 2èmechance, CAP emploi… Nous sommes également épaulés par notre référent OPCO qui nous conseille sur l’optimisation financière des projets.
Comment travaillez-vous avec ce public spécifique en insertion ?

Emeline : Ces personnes ont besoin de travailler leur projet professionnel dans un cadre spécifique. Nous leurs proposons un CDD d'insertion : l'entreprise d'insertion permet d'avoir un support d'activité industrielle et en même temps de pouvoir être accompagné dans une démarche de recherche d'emploi, de travailler sur les freins périphériques, le savoir être, la confiance en soi, les techniques de recherche d’emploi, la mise en place de formations de remise à nouveau, etc…
Il s’agit d’une prise en charge globale vers le retour à l’emploi avec un état des lieux des compétences et une mise en corrélation avec le projet professionnel pour identifier les manques à combler et sécuriser le parcours.
A quel moment Polyvia Formation est-il intervenu ?
Charlotte : Pour confirmer son projet, la personne peut avoir besoin de monter en compétences sur des domaines spécifiques. Là, on va se rapprocher des organismes de formation concernés. C’est de cette façon que Sonia Siro, déléguée Régionale Nouvelle Aquitaine de Polyvia nous a mises en contact avec Claude Lombard de Polyvia Formation. Nous souhaitions mettre en place la formation CQP conducteur d'équipement de fabrication, car ce CQP peut également s'adapter à la filière métallurgie et métallerie, ce qui ouvre un large potentiel à nos salariés quand ils arriveront en fin de formation. Nous avons fait le choix d’individualiser nos parcours et nous avons fortement apprécié que Polyvia Formation réponde à cette demande et sache s’adapter. Nous nous sommes sentis écoutés et compris, le programme a été modulé en fonction des besoins de notre public.
Emeline : Le formateur, Vincent Moriet, a accepté de se rendre sur site, ce qui lève le frein de la mobilité. C’est aussi un vrai gain de temps. Nos apprenants sont plus sereins et plus ouverts. Il prend en charge la partie théorique avec 3 sessions de 3 semaines pour le petit groupe de nos 3 apprenants. Tous plébiscitent ce format. Nous prévoyons un point après chaque session, la première a été très positive, la seconde est prévue mi-mai avec une fin de parcours pour décembre. Il y a un relationnel fort avec vos équipes.
L'avantage aussi c’est notre site avec la présence de PLAXTIL, ce qui a permis aux salariés d'avoir eu accès aux machines en amont de la formation : pouvoir observer et même pouvoir pratiquer avant la première semaine de théorie. Les personnes savaient déjà de quoi le formateur parlait et connaissaient certains termes techniques. On essaie de ne pas perdre de temps, parce qu’un parcours d'insertion se déroule sur 2 ans maximum.
La partie pratique de la formation est assurée par le responsable de production. Le formateur de Polyvia Formation va revenir faire un état des lieux avec chacun des salariés en individuel pour peaufiner son parcours et voir s'il y a besoin d'accentuer certains items sur les apports théoriques.
Avez-vous prévu une étape 2 sur ce projet ?
Charlotte : Oui nous sommes en train de finaliser le projet. Nous pensons à créer une recyclomobile, c'est à dire qu'on va aménager un camion poids lourd avec des outils, des outillages identiques à ce qu'on peut faire aujourd'hui dans nos ateliers. Et là, ce seront nos salariés qui pourront, à l'échelle de toute la nouvelle Aquitaine, se déplacer pour faire des opérations de broyage et d'injection à partir de textiles et de plastique et de filets de pêche pour sensibiliser les publics. On souhaite que ce soient nos opérateurs qui sont en formation CQP qui interviennent sur les machines qui équiperont le camion. Nous avons dans l'idée que le formateur puisse aller de temps en temps vérifier et réajuster si besoin sur place l'intervention de nos opérateurs, voir s'ils savent restituer ces savoir-faire auprès d'autres salariés qui ne seront pas forcément issus d’Essaimons, mais d'autres entreprises inclusives partenaires, puisqu'on peut s’appuyer sur un large réseau.
La recyclomobile, c'est un passage. Ensuite nous travaillons étroitement avec Pôle Emploi qui nous aide pour déceler des postes qui vont correspondre aux profils des personnes formées au CQP pour la fin de l’année. Ce qu’on souhaite, c’est que la personne puisse partir sur de l’emploi pérenne en fin de formation. Dans l'insertion en fait, contrairement aux autres entreprises, on sabre le champagne dès qu'une personne part !