La mobilité virtuelle, une expérience unique pour développer les compétences en anglais de nos apprentis
Rencontre avec Claire Horner, référente mobilité internationale campus ouest, et Helen Wells, professeur d’anglais, pour découvrir comment nos apprentis vivent une expérience internationale depuis leur salle de classe.

Comment est née cette action ?
Claire Horner : Tout a commencé avec une chaise. En 2017, nous avons eu la possibilité de renouveler nos outils pédagogiques dans le cadre de la transition numérique avec le soutien de la Région Normandie. À ce moment-là, nous avions des salles d’anglais très traditionnelles et j’avais repéré des chaises originales et attractives de la marque Steel Case permettant d’adapter la salle de cours à différentes activités pédagogiques.
J’ai donc monté un dossier pour obtenir ce mobilier, mais il nous fallait un projet pour justifier cette demande. C’est là qu’est venue l’idée d’introduire une mobilité virtuelle entre
nos apprentis ingénieurs IMT Nord Europe Polyvia Formation et des étudiants techniciens allemands. Cette action prolongeait la mobilité physique déjà mise en place avec l’entreprise BASF en Allemagne.
Au début de la mobilité virtuelle, nous n’avions pas tous les outils de communication que nous avons aujourd’hui. Les apprentis étaient tous réunis derrière mon petit ordinateur portable, c’était folklorique par moments.
Ensuite, j’ai organisé une pause-café virtuelle avec des apprenants en Finlande et nos apprentis en Titre Pro technicien de production dans le cadre du projet Européen UPSKILL.
Nous avons ensuite étendu notre expérience aux BTS Europlastics et Composites et une école au Texas, grâce à une collaboration avec Thierry Villard, professeur d’anglais de l’Université de Bordeaux.
C’est à ce moment-là, qu’Helen Wells a rejoint ce projet et, depuis ce jour, c’est elle qui pilote la mobilité virtuelle au sein de Polyvia Formation Alençon.
Quel est l’objectif de la mobilité virtuelle ?
Helen Wells : Les objectifs pour les deux groupes sont différents. Les étudiants américains sont inscrits dans des facultés d’agronomie par exemple, ou dans les arts créatifs et médiatiques. Aussi, pour eux la mobilité virtuelle rentre dans le cadre d’une thématique abordée pendant leurs études. Pour nos apprentis, l’objectif premier est de parler en anglais avec des pairs, dans un contexte libre sans l’intervention d’un professeur. Ils ont la liberté d’aborder plein de sujets divers et variés, même si nous leur donnons un cadre à respecter. En même temps, ils développent de nombreuses compétences transversales, les fameuses « 20th Century skills » : maitrise des outils numériques, la communication, l’autonomie, l’organisation et la planification (avec le décalage horaire), la négociation et l’interaction avec des partenaires.
Polyvia Formation est un véritable précurseur dans ce domaine en tant que CFA car la mobilité virtuelle est plutôt pratiquée par des universités internationales reconnues. C’est pourquoi nous sommes très fiers de pouvoir présenter notre expérience de mobilité virtuelle à la Conférence Internationale de la Mobilité Virtuelle à Valence, Espagne, au mois d’octobre prochain.
Comment se déroule une mobilité virtuelle ?
Helen Wells : Tout d’abord, j’introduis le sujet de la mobilité virtuelle en classe, je leur explique mes attentes et leur présente les étudiants avec qui ils vont échanger.
Les jeunes doivent former des groupes eux-mêmes. Ensuite, chaque groupe doit réaliser une courte vidéo de présentation qui sera envoyée aux jeunes avec qui ils vont échanger. Ici, ils peuvent laisser libre cours à leur créativité.
Les consignes sont les suivantes : ils doivent a minima échanger 4 fois avec les étudiants Américains sur la plateforme de leur choix (Skype, WhatsApp, Messenger…). La plupart choisissent la plateforme Discord.
Ce sont ensuite les jeunes qui organisent les différents échanges qu’ils réalisent en dehors des heures de classe. Chaque groupe doit également définir deux questions qu’ils souhaitent poser aux étudiants par rapport à leur culture ou leurs études. Ensuite, je centralise les questions. Au final, l’ensemble des groupes échangent et y répondent lors d’une dernière présentation devant la classe. Les questions développées en cours nourrissent leurs échanges.
Pour fixer la date et l’heure des échanges, les étudiants doivent prendre en compte le décalage horaire. Par exemple, il y a 7 heures de décalage entre Dallas et Alençon. C’est cette contrainte qui nous a obligés à réfléchir à un format plus souple, qui aujourd’hui, plaît beaucoup à nos étudiants.
Ils doivent organiser 4 échanges de la durée de leur choix. On a eu le cas cette année d’un échange qui a duré 3 heures car les jeunes s’entendaient très bien. Souvent le premier échange dure 20/25 minutes, puis le second 30/45 minutes, et plus ils sont à l’aise, plus les échanges sont longs. Certains pratiquent des activités ludiques ensemble et souhaitent rester en contact voire se rencontrer.
Nous avons fixé le nombre d’échanges à 4 car cela permet de réellement vivre l’expérience. Lors du premier échange, les jeunes sont assez timides, ils ne sont pas tout de suite à l’aise. Pour nous le but, c’est que les jeunes parlent anglais, sans le professeur, dans un environnement moins formel, en dehors de la classe.
Avec qui les apprentis échangent-ils ?
Helen Wells : Les jeunes échangent avec des étudiants en enseignement supérieur issus de différentes filières : art numérique, géographie… Ce sont donc des jeunes qui n’étudient pas la plasturgie. Pour les élèves, cela leur permet de découvrir une nouvelle culture et de parler de sujets variés. L’âge des étudiants étrangers varie d’une année à l’autre, cela dépend des groupes.
Que pouvez-vous nous dire sur la mobilité virtuelle réalisée cette année ?
Helen Wells : Cette année, la mobilité virtuelle a été proposée à nos apprentis ingénieurs plasturgie et matériaux composites en 3ème année (à l’automne 2021) et 1ère année (au printemps/été 2022).
À l’automne, 16 de nos ingénieurs ont échangé avec des étudiants en « Arts and technology, emerging media and communications » de l’Université de Texas à Dallas.
C’est la 4ème année que nous organisons des mobilités virtuelles. Il y a un gros travail en amont avec l’enseignante américaine afin de définir les sujets, la taille des groupes et échanger les coordonnées des jeunes.
Peut-on imaginer une mobilité physique dans le futur ?
Claire Horner : C’est une question qui nous a été posée par les étudiants cette année. L’inconvénient avec le Texas c’est l’incompatibilité entre la distance géographique et une possible rencontre.
En effet, je souhaite créer des échanges virtuels avec d’autres établissements en Europe. Récemment, Erasmus a créé un programme pour des mobilités hybrides, c’est-à-dire, où les étudiants se rencontrent virtuellement d’abord puis en personne dans un second temps.
C’est une solution que nous aimerions mettre en place un jour, mais il est très difficile de trouver des partenaires à ce jour.
Aujourd’hui, nous privilégions les élèves qui sont assez à l’aise à l’anglais car les Américains sont natifs, donc ils parlent relativement vite. C’est pour cela que l’on aimerait également trouver des partenaires avec des étudiants non natifs, afin d’ouvrir l’expérience à différentes promotions.
Quel est le retour des apprentis ?
Helen Wells : Les jeunes adorent. Certains souhaitent même participer à nouveau à l’expérience. Ils apprécient le format et plus particulièrement le fait de pouvoir parler de sujets qui les passionnent, comme s’ils parlaient à des amis, au moment et à l’heure qui les arrangent le plus. Ils parlent de nourriture, des différences culturelles, de jeux vidéo, …
Claire Horner : Aujourd’hui, je pense que le niveau d’anglais des jeunes s’améliore car ils regardent des films et séries en anglais, ils suivent une passion sportive en anglais… Par conséquent, ils obtiennent de meilleurs scores aux TOEIC alors qu’ils n’ont jamais mis les pieds dans un pays anglophone. Ils se sont imprégnés de la langue anglaise depuis chez eux et c’est en partie les conditions que nous avons voulu recréer pour nos mobilités virtuelles.