Rencontre avec Margot Lagreoule, apprentie en plasturgie et composites
Du haut de ses 19 ans, Margot, une jeune apprentie en BTS Europlastics et Composites en apprentissage au sein de l’entreprise Nemera partage avec nous sa vision de la filière. Ensemble, nous abordons la place de la femme et la nécessité de la valoriser davantage au sein d’une filière qui, malgré les préjugés, regorge de métiers-passion.

Quel est votre parcours ?
Après l’obtention d’un BAC S, j’ai commencé mes études par une année de médecine mais, après une remise en question, je me suis rendu compte que ces études et ce projet de métier ne me correspondaient pas. C’était un métier que je ne me voyais pas exercer sur la durée, j’ai donc décidé de changer de voie. Je suis passionnée de voile et le domaine qui s’y rattache, c’est celui de la plasturgie et des composites. C’est par ce biais que j’ai découvert la filière puis le centre de formation Polyvia Formation Alençon. Aujourd’hui, je suis en deuxième année de BTS Europlastics et composites et je suis en apprentissage au sein de l’entreprise Nemera en tant que technicienne injection.
Comment avez-vous découvert la filière plasturgie & composites ?
Ma passion pour la voile m’a permis de découvrir la filière plasturgie et composites et, à partir de là, je me suis renseignée sur les formations qui existaient près de chez moi.
J’ai commencé mes recherches principalement sur internet, puis je suis venue rencontrer l’équipe pédagogique sur le campus d’Alençon et cela m’a beaucoup plu. J’ai découvert une filière où les domaines d’application sont variés.
Pourquoi avez-vous choisi de vous former par la voie de l’apprentissage ?
C’est une manière d’apprendre qui est différente et qui permet de s’insérer plus facilement dans la vie professionnelle. L’apprentissage permet également de développer des compétences plus techniques, que l’on n’obtiendrait pas par le biais d’une formation plus classique.
Pour ma part, cela me permet d’avoir une perspective plus claire sur l’avenir car je possède l’enseignement théorique et pratique, et j’ai également conscience du travail quotidien attendu en entreprise.
Qu’aimez-vous le plus dans votre métier ?
J’aime découvrir et accompagner mes collègues sur des nouveaux projets. Au début, je ne me rendais pas vraiment compte de l’impact concret que chaque projet pouvait avoir.
Quand on commence à creuser, on comprend qu’il y a un objectif qui est très fort derrière. Aujourd’hui, je saisis précisément l’utilité de nos métiers et pourquoi on recueille autant de données pour mettre en place tel projet derrière.
En tant que femme, avez-vous rencontré des difficultés dans votre intégration ?
À Polyvia Formation, je n’ai rencontré aucune difficulté. Je suis dans une promotion où nous sommes considérées comme relativement nombreuses puisque nous étions 5 sur 25. En deuxième année, nous ne sommes plus que 4.
Je n’ai rencontré aucune difficulté en entreprise non plus. J’ai été très bien accueillie à Nemera, même si je suis dans un service où il n’y a que des hommes
Aujourd’hui, les femmes occupent 32 % des postes en plasturgie. Selon vous, comment la filière pourrait-elle attirer davantage de femmes dans nos métiers ?
D’abord, il faudrait davantage mettre en avant les femmes qui travaillent dans la filière. La plasturgie et les composites ne parviennent pas encore à attirer certaines femmes qui imaginent que c’est un domaine très manuel et très éprouvant. Un domaine pour lequel nous n’avons pas la carrure ou la force nécessaire, voire même que nous n’y avons pas notre place et que nous n’y serons pas acceptées.
Pourtant, la réalité est tout autre. Même si j’effectue du travail manuel, je ne rencontre pas de difficultés. Et même si parfois j'ai besoin d’un coup de main, mes collègues sont toujours contents d’aider.
Néanmoins, il est important qu’il y ait certaines adaptations, car effectivement nous sommes parfois plus petites ou nous pouvons avoir moins de force. Je pense qu’il serait intéressant de valoriser ces aménagements pour que les métiers de la filière plasturgie et composites soient plus accessibles. Stéphane Thiaudière, Directeur de l’usine Nemera Le Tréport précise que « même pour les métiers les plus techniques comme celui de mouliste, il n’y a quasiment pas de port de charge car il existe des aménagements pour sécuriser le travail grâce à des systèmes de levage, ou des tables de retournement... ».
Travailler dans l’industrie ne veut pas dire que nous sommes moins féminines pour autant, cela ne change rien. Rencontrer des femmes dans ce domaine permet de partager son expérience et d’en inspirer d’autres.
Malgré les préjugés, c’est un environnement de travail propre.
« Aujourd’hui, un mouliste a finalement plus un travail d’orfèvre que de mécanique, il n’y a pas le côté sale qu’on peut imaginer. » explique Stéphane Thiaudière. « En particulier, lorsque l’on travaille pour l’industrie de la santé, comme c’est le cas chez Nemera. Nous travaillons en salle blanche et, au final, l’environnement de production est plus propre que celui que l’on trouve dans les bureaux. ».
Vos proches ont-ils eu des idées préconçues sur la filière dans laquelle vous évoluez ?
Cela arrive, surtout lorsque l’on utilise le mot « usine ». Le cliché classique c’est l’image d’un travail à la chaine éreintant alors que ce n’est plus du tout le cas. Certains peuvent encore penser que l’industrie n’est pas un secteur fait pour les femmes.
Néanmoins, dans mon entourage proche, c’est moins le cas car je leur explique en quoi mon travail consiste et ils comprennent que c’est un métier varié avec des phases de travail aussi bien au bureau qu’en production. Une fois que l'on démystifie le sujet, les interlocuteurs sont plutôt ouverts, tout au moins pour ma génération.
Pour une personne qui ne connaît pas la filière, le mot plasturgie est un mot qui génère beaucoup de préjugés. On entend toujours parler du plastique de manière négative : c’est sale, ça pollue… Alors qu’en réalité, on en a besoin ! Si on prend l’exemple du domaine médical, certains kits doivent être stériles et il est indispensable de passer par des matières plastiques pour obtenir ces propriétés.
Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer en plasturgie et composites ?
Elles ne doivent pas hésiter à se renseigner. Si dans la plasturgie il y a un aspect qui ne leur plaît pas, comme le fait de travailler en 3x8 ou en production, ce n’est pas grave car il y a plein d’autres secteurs et services dans lesquels les femmes peuvent s’épanouir.

Travailler en plasturgie ne signifie pas uniquement monter ou démonter des moules. Une multitude d’autres métiers reste à découvrir. Chacun peut trouver son bonheur dans de nombreux secteurs comme le médical, les cosmétiques, l’agroalimentaire, l’aéronautique…
Parfois, on peut avoir des passions qui se rattachent au domaine de la plasturgie et des composites mais on n’ose pas se lancer. Pourtant, ce sont aussi des métiers de passion. La filière ouvre de nombreuses portes pour travailler dans le domaine des loisirs, du nautisme, du sport ou de l’automobile. Il faut oser essayer.

