Quelle formation demain pour la plasturgie et les composites?

Avec la réforme de la formation professionnelle de 2018, le gouvernement a la volonté de mieux encadrer la formation certifiante (voire l’optimiser) tout en accentuant encore la responsabilisation et l’autonomie des individus quant au développement de leurs compétences. L’évolution des financements de la formation professionnelle pour les entreprises quant à elles, amène les entreprises à gérer la formation de leurs collaborateurs comme un investissement, voire un coût nécessaire pour la performance de leur entreprise. Bien sûr, c’est déjà le cas pour un bon nombre d’entre elles mais les orientations et dispositifs poussés par la branche plasturgie et composites facilitaient grandement la prise en charge financière des formations cœur de métier ou stratégiques. Ainsi, cette prise en charge financière est devenue presque quelque chose d'automatique. Ces changements amènent donc sans surprise les entreprises et individus à des attentes fortes vis-à-vis des orientations de la branche concernant les financements et des organismes de formation quant à la nature, aux modalités pédagogiques et au coût de revient de la formation.

Usine 4.0, formation à distance, formation en situation de travail, soft skills, économie circulaire  : les enjeux de la formation pour accompagner l’évolution des besoins de compétences des entreprises sont nombreux. La plasturgie et les composites concerne de nombreuses PME mais aussi quelques grands groupes sur des secteurs d'activité multiples. Cette diversité se concrétise par des modèles d’organisation différents, des niveaux de maturité quant à la performance industrielle ou les ressources humaines différents et donc des besoins également très différents. Quand certaines entreprises sont en attente de plus de formation à distance, d’autres n'envisagent que la formation en présentiel, les salariés également. Quand des entreprises sont déjà entrées dans l’ère de l’usine 4.0 et veulent accompagner la montée en compétences de leurs salariés, d’autres peinent à envisager le financement de la montée en compétences de leurs salariés sur le cœur de métier même. Malgré les évolutions rapides auxquelles doivent faire face les entreprises, un changement de modèle économique, culturel, managérial ne peut se faire du jour au lendemain. C’est donc à un besoin pluriel, autant dans le fond que dans la forme que les organismes de formation vont devoir répondre pendant encore quelques années et peut-être encore plus demain car nous le savons, les écarts se creusent vite.

Au niveau de la nature de l’offre même, les grandes tendances sont déjà connues. La présence de plus en plus importante du numérique dans l’univers personnel comme professionnel a un double effet  : - la nécessité de mieux maîtriser certains outils numériques (ERP, MES, outils de travail collaboratifs, ….) et la robotique au regard de l’évolution des équipements et dons des métiers production, maintenance, logistique et même des métiers plus transversaux, - le développement d’une appétence pour une formation intégrant le digital, déjà présent au quotidien pour une grande partie de la population. L’enjeu pour les entreprises de la plasturgie et des composites au regard de l’économie circulaire est lui aussi bien réel et répond à la responsabilité sociétale que les entreprises doivent intégrer. Cela se traduira par un nécessaire développement en compétences pour les métiers inscrits sur l’ensemble de la chaîne économie circulaire  : de l’éco-conception des produits à l’utilisation de matières recyclées impactant ainsi les bureaux d’études, les techniciens et les métiers de mise en œuvre des procédés en passant par les acheteurs, pour ne citer qu’eux. L’accélération à laquelle doivent faire face les entreprises et les individus implique quant à elle des capacités à s’adapter rapidement, à travailler de manière collaborative et de plus en plus à distance. Ces soft skills si souvent évoquées dans les articles RH ou dans les annonces de recrutement sont encore trop rarement la priorité des entreprises en termes de formation.

Si l’on regarde maintenant du côté des attentes des entreprises et des individus en termes d’innovation pédagogique, si les enjeux sont quelque peu différents, plusieurs points de convergence sont à noter. Une étude de la branche sur l’innovation pédagogique* nous éclaire sur ce sujet. Au regard de l’évolution des financements, les principaux enjeux pour les entreprises vont être de pouvoir continuer à former à un coût équivalent, de pouvoir former sur des cycles plus flexibles (ouverture plus fréquente, rapprochement des modules de manière variable selon l’activité de l’entreprise, …) en étant moins contraints de libérer leurs collaborateurs et pour certaines, de pouvoir valoriser les expertises internes à travers des modalités de formation en situation de travail. Au niveau des individus, salariés comme demandeurs d’emploi, l’intérêt est de pouvoir monter en compétence rapidement et donc de bénéficier de parcours plus courts intégrant moins de contraintes logistiques liées à la formation (temps, déplacement, distance).

Bien conscient de ces évolutions, le CFP s’est engagé depuis plus d’un an dans un grand projet de refonte de son offre pour apporter plus d'agilité dans la manière de réaliser les formations : moins de temps, plus de flexibilité, du distanciel, plus d’efficacité et de valeur ajoutée. C’est donc toute l’approche pédagogique qui a été revue avec comme principe directeur  : mettre l’apprenant au centre de la construction pédagogique. Cela peut paraître évident mais il est important de ne pas confondre la démarche d’ingénierie pédagogique multimodale et une simple digitalisation de la formation. L’approche ne doit pas avoir comme point d’entrée les outils numériques mais bien la pédagogie. Et c’est cette expertise que nous avons développée au CFP. C’est un projet de longue haleine et si le CFP est en capacité de proposer à ce jour deux parcours CQP complets et une dizaine de formations courtes en blended learning, le développement de l’offre va se poursuivre encore dans l’année à venir. Le retour des apprenants sur les premières sessions sont très positifs  : « on avance à notre rythme », « on est obligé de faire, de participer ; on ne peut pas se cacher derrière le groupe », « c’est plus ludique, ça donne plus envie ». En effet, avec une formation blended learning, l’engagement de l’apprenant est plus important, le suivi individuel du stagiaire plus fin. Notre approche est bien d’optimiser les temps d’apprentissage en les rendant plus efficaces. Il est indispensable d'avoir une démarche d'ancrage des connaissances ou des pratiques pour que l'on puisse réellement parler de formation. Aussi, les temps en présentiel sont axés sur la remédiation et la mise en pratique.  Si ces nouvelles formations offrent des avantages importants dont la réduction du temps d’absence ou de remplacement du salarié, il faut avoir conscience que ces nouvelles modalités pédagogiques ont également certaines contraintes. Par exemple, le salarié doit pouvoir démontrer sa capacité à suivre une formation en partie à distance et donc ses aptitudes à utiliser les outils numériques. L’entreprise de son côté, doit pouvoir planifier et organiser des temps dédiés, le matériel et l’environnement nécessaire à la réalisation de la formation à distance dans de bonnes conditions. Si globalement il y a plus d’appétence de la part des salariés pour aller sur ce genre de dispositif, un nombre encore important ne sont pas en capacité de suivre une formation à distance, même si un accompagnement spécifique a été mis en place.

Et c’est bien là tout l’enjeu de la formation de demain  : offrir une formation « multicarte » qui permette de répondre à la fois aux entreprises déjà ancrées dans les démarches de développement et de transition numérique et à la fois aux entreprises inscrites dans un système plus traditionnel. La branche de la plasturgie et des composites a bien identifié cet enjeu d’accompagner les entreprises et leurs salariés dans cette transition. C’est donc également dans une réelle démarche de changement et d’accompagnement au changement dans laquelle s’inscrit le CFP auprès de ses clients mais également de ses équipes. C’est aussi un nouveau modèle économique et organisationnel à mettre en place pour pérenniser une offre plus flexible. Notre meilleur atout sera bel et bien, à nous aussi, notre capacité à nous adapter et à évoluer rapidement. Pour cela, une nouvelle organisation du pôle formation à compter de l’année prochaine permettra de proposer une offre plus large et répondant aux grands enjeux de demain. Quant à notre capacité à nous adapter, nous savons que la proximité et l’écoute que nous assurerons à votre égard seront essentiels. * Etude d'adaptabilité pédagogique en plasturgie – 2020. Pour en savoir plus  : www.observatoire-plasturgie.com